- délayer
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• XIIIe; lat. pop. °delicare, de deliquare « clarifier, transvaser »1 ♦ Détremper (une substance) dans un liquide. ⇒ diluer, dissoudre, étendre, fondre. Délayer de la farine dans de l'eau pour faire une pâte. Délayer de la peinture avec de l'essence. Délayer une substance à chaud, à froid. — Délayer de la chaux (⇒ couler) , du plâtre, du mortier (⇒ gâcher) .2 ♦ (1766) Fig. Exposer trop longuement, de manière diffuse. Délayer une pensée, une idée, un discours. ⇒ 1. noyer, paraphraser (cf. fam. Allonger la sauce, mettre de la sauce). — Un récit trop délayé.Synonymes :- diluer- fondreContraires :- épaissirFamilier. Exprimer quelque chose de manière prolixe, diffuse, verbeuse ; paraphraserSynonymes :- étaler- étirerdélayerv. tr.d1./d Détremper (une substance) dans un liquide. Délayer de la farine.d2./d Fig. Délayer sa pensée, lui faire perdre sa force en l'exprimant trop longuement.⇒DÉLAYER, verbe trans.A.— Combiner (une substance compacte ou en poudre, comestible ou non) avec un liquide en l'y détrempant. (Quasi-)synon. dissoudre, liquéfier; anton. concentrer. Délayez [pour préparer le pain de maïs du pays] une demi-livre de farine de maïs dans un litre de lait chaud (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 106).— Emploi pronom. Deux sachets de chocolat pulvérisé qui se délayait instantanément dans l'eau chaude (MARTIN DU G., Thib., Été 1914, 1936, p. 20).— P. métaph. Tout ce bruit, épandu et délayé dans le silence, se perdit (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 440). Emploi pronom. Le phare (...) s'effaça. (...) Le rayonnement se délaya dans l'immensité mouillée (HUGO, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 111).B.— Au fig. Exprimer de manière prolixe. Délayer une idée, une pensée, un texte. Ce n'est pas en délayant les phrases de Marx dans de verbeux commentaires que l'on peut maintenir intacte l'idée révolutionnaire (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 329) :• M. Clays délaye de plus en plus son talent; son habituelle mer clapoteuse va se figeant davantage chaque fois.HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 38.— Emploi abs. Cf. concentré II C 2.Prononc. et Orth. :[] ou, p. harmonisation vocalique, [deleje]; (je) délaye [] ou (je) délaie []. Cf. balayer et déblayer. [e] fermé à l'inf. (2e syll.) ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834, FÉL. 1851, Pt ROB., DUB. et Lar. Lang. fr.; [] ouvert ds GATTEL 1841, NOD. 1844, LITTRÉ, DG, PASSY 1914, Pt Lar. 1968; [] pour le lang. soutenu, [e] pour le lang. cour, ds WARN. 1968. Admis ds Ac. 1694-1932. Homon. délai et formes de délayer (délaie, délaient). Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. (Lapidaire de Modène, 473 ds L. PANNIER, Lapidaires fr. du M.-A.). Peut-être du lat. class. deliquare, vulg. delicare « rendre liquide » avec infl. de l'a. fr. delayer, v. délai. Fréq. abs. littér. :72.DÉR. 1. Délayement, délaiement, subst. masc. Action de délayer; résultat de cette action; p. méton., ce qui est délayé (cf. délayage A). À quelques pas de Paris, et souvent dans Paris même encore, la boue, les ornières et les délayements diluviens du macadam rendent la marche du piéton impossible (L. Plée ds Lar. 19e). P. métaph. J'insiste toujours pour le retour « aux deux volumes » [dans la publication des « Misérables »], et plus que jamais. Nous ne pouvons éviter le morcellement, n'y ajoutons pas le délaiement (HUGO, Corresp., 1862, p. 374). — Délayement : [], dernière transcr. ds PASSY 1914; FÉR. Crit. t. 1 1787 transcrit []. Délaiement : [] ou [dele-], dernière transcr. ds DG avec [] ouvert. Cf. délayer et déblaiement. Admis ds Ac. 1762-1878 s.v. délayement. — 1res attest. 1549 delayement (EST.) — 1611 (COTGR. : desléement), à nouveau dep. Ac. 1762; de délayer, suff. -ment1. 2. Délayure, subst. fém. a) Boulangerie. Opération consistant à mélanger la farine, le levain et l'eau (d'apr. CHESN. 1857; cf. délayage A). b) P. métaph. et p. méton., avec nuance péj. Ce qui est exprimé de manière prolixe (cf. délayage B). Je savais ce que tu me dis de l'Ermitage quant à sa nouvelle collaboration (...) d'après ce que tu m'écris, il serait désirable qu'il devînt une revue très fermée. Ce serait là sa raison d'être. Je t'avoue que les délayures de Kipling et autres ne me plaisaient pas (JAMMES, Corresp. [avec Gide], 1893-1938, p. 220). — Seule transcr. ds LITTRÉ : dé-lè-iu-r'. — 1re attest. 1838 (Ac. Compl. 1842); de délayer, suff. -ure.BBG. — GAMILLSCHEG (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t. 3, p. 283. — GOHIN 1903, p. 343.délayer [deleje] v. tr. [CONJUG. payer.]ÉTYM. XIIIe; du lat. pop. delicare, de deliquare « clarifier », « transvaser »; de de-, et liquare « liquéfier ».❖1 Détremper (une substance) dans un liquide. ⇒ Diluer, dissoudre, étendre, fondre. || Délayer de la farine dans de l'eau, du lait, pour faire une pâte. || Délayer du lait en poudre, du cacao. || Ustensile à délayer. ⇒ Moussoir. || Délayer une substance à chaud, à froid. || Délayer en tournant, en versant le liquide peu à peu pour éviter la formation de grumeaux. — Délayer de la chaux (⇒ Couler), du plâtre, du mortier (⇒ Gâcher). || Délayer une substance dans un liquide qui la précipite. ⇒ Léviger. — Délayer de la peinture avec de l'eau, de l'huile, de l'essence.1 (Les unaus) passent ainsi plusieurs semaines sans pouvoir délayer par aucune boisson cette nourriture arideBuffon, Hist. nat. des animaux, L'unau et l'aï, t. III, p. 444.2 Le godet dans lequel M. Sucre délaie son encre est en lui-même un vrai bijou.Loti, Mme Chrysanthème, XXXIII, p. 154.2 (1766). Fig. || Délayer une pensée, une idée, un discours, l'exposer trop longuement, de manière diffuse. ⇒ Noyer, paraphraser (cf. fam. Allonger la sauce, mettre de la sauce).3 Descartes a délayé cette pensée (l'incrédulité est la source de la sagesse) (…)Voltaire, le Philosophe ignorant, V.——————délayé, ée p. p. adj.1 Cacao délayé (dans du lait).2 Fig. ⇒ Diffus, prolixe. || Pensée délayée. — N. m. || C'est du délayé.❖CONTR. (De délayer) Épaissir. — (Du p. p.) Concis, dense.DÉR. Délayage, délayant.
Encyclopédie Universelle. 2012.